Témoignage anorexie boulimie
J’ai rencontré Guiletta quand elle m’a invité à parler des troubles du comportement alimentaire (TCA) sur un live Instagram. Mettre des mots sur ses maux n’est pas chose facile. Pourtant Guiletta n’a pas hésité une seconde à nous confier l’intimité de son rapport à l’alimentation lorsqu’elle était plus jeune.
La justesse des propos de Guiletta, sa bienveillance et sa volonté de passer la parole m’ont donné envie de vous partager son histoire. Je suis heureuse de vous dire qu’elle a accepté de répondre à quelques questions pour nous.
Que nous soyons professionnels de la nutrition, simples mangeurs ou mangeurs complexes, il est essentiel de mieux comprendre que la relation à la nourriture est personnelle, intime et rarement une question de volonté. Je crois que nous ne devrions pas mettre le nez dans l’assiette des autres à tout va !
Bonne lecture !
Est-ce que tu peux te présenter ?
Je suis Giulietta, aussi connu sous le nom de Piu Piu, je suis dj, animatrice , activiste féministe au sein de l’association Safe Place et j’ai monté l’agence de talents engagée Good Sisters.
De quel·s trouble·s alimentaire·s as-tu souffert ?
J’ai été anorexique adolescente, puis boulimique, puis orthorexique et finalement ok avec moi même .
Comment t’es-tu rendue compte que ton rapport à l’alimentation était inconfortable ?
La première fois, je devais avoir 17 ans. Je me suis évanouie car je n’avais mange qu’une pomme par jour pendant quelques jours. J’ai paniqué à l’idée qu’on me donne un sucre pour que j’aille mieux.
Puis plus tard quand j’ai eu des idées très noires après avoir vomi en pyjama seule sur le carrelage de ma salle de bain.
Enfin quand je suis arrivée au restaurant et que je me suis rendue compte que je considérais que tout le menu allait me rendre malade.
Quelle est la plus grande difficulté que tu rencontrais ?
C’était d’être seule le soir. La présence des autres était un rempart à mes crises car je ne voulais pas que les autres s’en rendent compte.
Si tu avais eu une baguette magique, qu’aurais-tu changé ?
Rien. Je pense que j’avais besoin de passer par là ? C’est ok !
Pendant le live insta, tu nous as raconté qu'avant tu avais toujours une tablette de chocolat dans ton sac. Pourquoi ?
Je pense que c’était un peu comme un doudou. J’étais rassurée de savoir que je pouvais toujours en manger si je le souhaitais. J’avais toujours « ma dose » en cas de manque et que je ne pourrais pas m’évanouir si je me sentais faible (je te laisse analyser tout ça haha).
Tu dis qu’en sortant des TCA, tu avais peur de devenir une montgolfière. Peux-tu nous développer ta métaphore ?
Quand je souffrais de TCA, j’avais peur de devenir une montgolfière si j’en sortais. Je pensais à la montgolfière qui quitte la terre. Hors de contrôle. J’avais l’impression que mes TCA me permettais de contrôler mon corps et que si je sortais de ce système je risquais de perdre pied et d’exploser en plein vol.
Quelle est la plus belle réalisation de ta vie ?
C’est de savoir que le corps sait beaucoup mieux que notre tête ce dont il a besoin et que c’est à vouloir le contrôler qu’on se perd.
Dans mon travail, j'observe qu'avoir des projets dans la vie est souvent un levier pour les personnes ayant des TCA. Penses-tu que c'est important pour se sentir mieux ?
Complètement !
Je suis une hyper active. Je ne supporte pas de ne pas travailler. J’ai besoin de faire des projets en groupe, d’échanger, d’être dans l’action et surtout d’avoir un sens.
Lorsque je me suis investie dans la lutte féministe, j’ai trouvé un sens à me battre ensemble, à admirer profondément les femmes qui m’entourent, ça m’aide énormément à accepter qui je suis.
Qu’est-ce que tu aimerais partager aux autres personnes qui rencontrent ces difficultés ?
Que rien ne reste immobile sur cette terre. Tout bouge ! Parfois pas aussi vite qu’on le voudrait, mais c’est ok. Nous vivons les choses que nous vivons car une partie de nous a besoin de les vivre et il est important de faire la paix avec elle pour pouvoir avancer 💜.