Les tests d’intolérance alimentaire IgG ont gagné en popularité, promettant de révéler les causes cachées de symptômes restés sans réponses tels que la fatigue, les ballonnements, les migraines, etc. Vous suspectez des sensibilités alimentaires et vous vous apprêtez à réaliser ou vous avez réalisé un test d’immunoglobuline G (IgG) pour identifier ces intolérances alimentaires ? Vous avez entendu plusieurs sons de cloches et ne savez plus à quel saint se vouer ? Vous êtes au bon endroit ! J’ai cherché des réponses pour vous, toujours sous couvert de l’actualité scientifique et du bon sens clinique. L’analyse approfondie révèle un tableau plus nuancé de leur efficacité et de leur pertinence.
Cet article devrait vous permettre d’éviter d’être dupé par des pratiques douteuses et onéreuses ! Et cela n’engage pas que moi !
Les tests d'intolérance alimentaire IgG
De quoi parle-t-on ?
Les tests d’IgG cherchent à identifier la présence d’anticorps IgG dans le sang réagissant à certains aliments. Contrairement aux réactions allergiques immédiates médiées par les IgE, les réactions aux IgG seraient plus lentes et moins évidentes, d’où leur association avec des « intolérances » alimentaires.
Pour en savoir davantage sur la méthode de dosage des IgG, je vous invite à lire l’article d’Habib Chabane rédigé pour le CIAB.
Ces tests sont généralement proposés dans le cadre de troubles digestifs. Les troubles fonctionnels intestinaux peuvent être causés par de nombreuses maladies. En absence de diagnostic, il se peut qu’on vous parle du syndrome de l’intestin irritable. Lisez cet article pour découvrir de quoi il s’agit.
Le manque de consensus scientifique
Une absence de preuves concrêtes
Un point de contention majeur est le manque de consensus scientifique soutenant l’utilisation des tests d’IgG pour diagnostiquer les intolérances alimentaires. Plusieurs organismes de santé et études ont souligné l’absence de preuves concrètes liant les niveaux d’IgG spécifiques aux aliments à des symptômes d’intolérance. En réalité, certains experts suggèrent que la présence d’IgG pourrait plutôt indiquer une exposition normale et même une tolérance aux aliments testés.
Interprétation des résultats : un défi majeur
Plusieurs biais méthodologiques
Ci-dessous découvrez quelques exemples de situations permettant de discuter les résultats.
Les protéines sont digérées avant d’être absorbées, c’est à dire qu’elles sont « découpées » en acides aminés. En cas de perméabilité intestinale, des fragments de protéines partiellement digérées peuvent passer dans la circulation sanguine et déclencher la synthèse d’IgG. Il faut savoir qu’une perméabilité intestinale peut être transitoire, notamment à la suite d’une gastro-entérite ou d’un effort d’endurance de longue distance par exemple. Voilà comment vous pouvez présenter des IgG pour les produits laitiers sans présenter la moindre intolérance.
Certaines allergies alimentaires se résorbent dans le temps. On parle d’acquisition de tolérance alimentaire et c’est une bonne nouvelle ! Certaines IgG vont bloquer les IgE responsables de la réaction allergique. De fait, la présence d’IgG peut être le marqueur d’une tolérance alimentaire et non l’inverse.
Chez les sujets présentant des allergies respiratoires, on observe des protides communs avec certains aliments. Certains individus vont réagir aux protéines communes retrouvées dans les aliments.
La variabilité individuelle dans la production d’IgG rend l’interprétation des résultats problématique. Un résultat positif pour un aliment ne traduit pas nécessairement une intolérance. De plus, éliminer des aliments sur la base de ces tests sans supervision médicale peut conduire à des régimes restrictifs inutilement, avec des risques de carences nutritionnelles.
La présence d’IgG anti-aliments est un phénomène normal chez des sujets sains comme allergiques.
Ces tests peuvent représenter un danger
Des restrictions alimentaires perturbent un possible diagnostic
Pensant découvrir des sensibilités alimentaires ou des intolérances alimentaires, beaucoup de personnes mettent en place des restrictions d’aliments. Ces dernières permettent parfois un apaisement des symptômes. Ce n’est pas la preuve que les tests sont efficaces, bien au contraire !
Par exemple on peut retirer le gluten et se sentir mieux sans n’avoir aucun problème avec cette protéine. En effet, les aliments riches en gluten sont également riches en fructanes. Ces derniers peuvent être responsables de nombreux troubles intestinaux.
De la même manière, d’autres restrictions alimentaires apportent un soulagement mais c’est aussi un risque d’éloigner un possible diagnostic d’autres pathologies comme les maladies inflammatoires chroniques intestinales (Crohn, RCH), d’infections, etc.
Les tarifs des test d'IgG
Prêt à payer le prix fort pour trouver vos intolérances alimentaires ?
Les tests aux IgG ne sont pas remboursés pas la sécurité sociale, quelque soit le prescripteur. En parlant des prescripteurs, je suis curieuse de savoir qui recommande ces examens sans validité scientifique ? Si les professionnels de santé ne sont pas tous en mesure d’être critique, faute de s’être renseigné, recommandent-ils ces tests pour autant ? Rien n’est moins sûr ! Mis en vente par les laboratoires, parfois peu scrupuleux, vous trouverez ces tests à des prix très variables. De quelques dizaines d’euros à plusieurs centaines d’euros, tout existe ! Et c’est à vos frais !